Violents ou lointains, les échos de la "Grande Histoire"
La vie quotidienne des hommes d’Ariège occupe la plupart de nos archives. Mais il arrive que leur chemin croise celui de la « grande histoire ». La terre ariégeoise fut au cœur d’un des moments clefs de l’Histoire, au temps de la croisade contre les Albigeois, quand l’éclat des comtes de Foix et le drame de Montségur portèrent haut le nom de ses châteaux et de ses chevaliers. |
Elle tint un grand rôle dans d’autres périodes dramatiques : dans la guerre de Cent Ans quand la personnalité extraordinaire de Gaston Fébus maintint son comté en paix tandis que toutes les terres voisines ( dont Mirepoix) étaient ravagées, dans les guerres de religion surtout, au XVI° siècle comme au temps de Louis XIII, qui furent terribles dans un pays où la Réforme s‘était largement implantée. Sa situation frontalière en fit non pas un lieu de grandes batailles ( la géographie l’interdisait) mais un lieu de guérilla – les Espagnols arrivèrent jusqu’à Tarascon en 1812 -, un lieu de passage et de séjour des armées et aussi un lieu de refuge. C’est ainsi que cette terre tint une place non négligeable dans l’histoire de l’émigration française sous la Révolution et bien plus encore dans celle des guerres civiles espagnoles, guerres carlistes avec des réseaux d’aide, guerre de 1936 avec les camps de réfugiés devenus camps d’internement, dans l’histoire de l’Occupation avec ses passeurs et ses « Evadés de France » et dans celle de la Libération avec l’intervention des « guérilleros ». | |
Parfois, c’est un destin individuel qui haussa l’histoire locale au rang d’histoire nationale et même plus : tels ceux de Bernard Saisset, le premier évêque de Pamiers, dont les démêlés avec Philippe le Bel furent à l’origine de la grande querelle entre le roi et le pape qui en mourut, ou de Caulet, son successeur du XVII° siècle, qui ne se contenta pas d’une action rigoureuse dans son diocèse mais s’opposa sans faiblir à Louis XIV sur l’ « Affaire de la Régale ». La « grande histoire » est aussi présente par les retombées qu’elle eut sur les hommes d’Ariège même quand ils n’eurent pas à jouer un rôle plus grand que ceux des autres provinces : les actes d’intendants ou de préfets et surtout les délibérations municipales répercutèrent toujours les événements liés à la personne du roi ou au sort de la Nation, particulièrement les victoires militaires, tous célébrés par des réjouissances publiques ; la politique s’exerça toujours plus que jamais en période de crise, de la Révolution à l’Occupation en passant par le scrutement du moral de l’ « arrière » pendant la guerre de 1914 ; les archives privées, elles, par les correspondances, par les récits, par les journaux intimes, offrent un point de vue plus spontané et plus quotidien sur les faits du temps, des considérations sur les débuts de la Révolution dans des lettres amicales aux « cahiers » d’un soldat de 1870 ou de 1917. La presse enfin est depuis le XIX° siècle le moyen le plus efficace et le plus rapide de mise des grands évènements à la portée du plus éloigné des citoyens. |