Mines, usines et boutiques

Riche en hommes, riche en matière première (mines, carrières et forêts), riche en énergie (l’eau), offrant par contre des ressources agricoles à peine suffisantes, ce qui poussait vers d’autres activités les paysans disponibles au temps de l’interruption des travaux de la terre, l’Ariège fut de tous temps industrielle.
De petits centres se spécialisèrent dans le textile, dans le verre, le bois, le papier, le buis et la corne, le jayet, le plâtre…Mais la grande activité fut l’extraction du minerai de fer et, en conséquence logique, la métallurgie, déjà réglementée au XIV° siècle et qui fera de l’Ariège un des grands centres nationaux de production. Le XX° siècle viendra y ajouter l’exploitation d’autres gisements ( talc, tungstène…) et, avec la découverte de l’hydroélectricité, l’électrochimie et l’électrométallurgie. A côté de la grande industrie, les bourgs furent de tous temps le domaine des artisans-marchands qui assuraient le ravitaillement ainsi que la fabrication des objets de la vie quotidienne. Avec le surpeuplement de la montagne, le XIX° siècle connut les grands mouvements migratoires de ces petits métiers qui lui donneront une spécificité pittoresque, des colporteurs aux bouilleurs de cru, des nourrices aux montreurs d’ours…
Le contrôle des activités artisanales, industrielles et commerciales par l’Etat se retrouve sous forme de réglementation, sous forme de dossiers d’autorisations de création de société, d’implantation d’usine, d’exploitation de mine ou carrière, sous forme de statistiques aussi, dans les archives d’intendance puis de préfecture et, à un moindre degré, de communes. Mention particulière doit être faite des archives du service des Mines et de celles des services gérant les eaux ( Eaux et Forêts et Service hydraulique) : l’eau étant l’énergie universellement utilisée, quasiment tous les moulins, usines et forges étaient sous leur contrôle, d’où de précieux dossiers contenant une remarquable collection de plans, souvent en couleurs. Autre mention particulière doit être faite au fonds de la mine du Rancié, « autogérée » depuis le XIII° siècle mais contrôlée plus tard par les ingénieurs d’Etat. L’époque contemporaine ajouta la législation du monde du travail ainsi que la surveillance du mouvement ouvrier. Les archives judiciaires viennent apporter un abondant complément par les procédures pour non-respect de la réglementation économique ou du travail, pour dégradations, pour de multiples contentieux sur les prix, les paiements, les créances, pour les faillites, le tout souvent enrichi de rapports d’experts, et par l’enregistrement des actes de société.

Les minutes de notaires contiennent tous les contrats relatifs aux activités économiques et aux mouvements d’argent, les baux à besogne d’artisans, les inventaires de biens énumérant les machines, les outils ou les stocks… Les archives privées enfin sont souvent très riches, des chartriers des seigneurs qui détinrent longtemps la plupart des établissements aux volumineux fonds d’entreprises contemporaines, des archives de marchands, d’artisans, d’exploitants agricoles aux simples livrets d’ouvrier…

 

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