Les temps de rencontre

Les temps de rencontre sont toujours des moments importants au sein d’une société et il est certain qu’ils le furent bien plus encore dans le passé quand n’existaient ni les facilités de communication ni les moyens de distraction modernes.
Le devant de porte où l’on s’attardait le soir, la veillée bien sûr où l’on jouait, où l’on chantait, où l’on se transmettait légendes et riches créations de la littérature populaire, la place de l’église au sortir de la messe dominicale ou le soir à l’heure du jeu de quilles étaient autant lieux de rencontre que le cabaret de village ou le café urbain. Les grands moments de l’année agricole et pastorale - la Saint-Jean, la fenaison, la moisson, les vendanges, le rouissage du lin - rassemblaient aussi les villages tout comme les événements familiaux, mariages ou enterrements. Marchés et foires, fêtes patronales, processions et pèlerinages suivis de bals et de jeux amenaient des déplacements plus grands encore et exaltaient l’identité communale. La ville avait ses animations propres, théâtre, concerts, et ses grandes fêtes. Partout enfin le Carnaval était explosion de liberté et de railleries.
Tout cela est décrit dans nombre de sources littéraires, des descriptions d’administrateurs ou de visiteurs étrangers aux «souvenirs des jeunes années» d’enfants du pays et, dans notre monde contemporain, dans la presse. Mais tout cela se retrouve aussi abondamment dans les archives de réglementation et dans les archives de justice quand il y avait infraction à cette réglementation : l’autorité laïque surveilla toujours de près les rassemblements qui donnaient si souvent lieu à des excès et perturbations en tous genres de l’«ordre public» et l’autorité d’Eglise s’attacha étroitement, surtout au temps de Caulet, le rigoureux évêque de Pamiers du XVIIème siècle, aux entorses à la morale dans l’excès des plaisirs de la danse et du jeu, dans le scandale des représentations théâtrales et des charivaris, dans les sacrilèges du Carnaval.
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