L'univers domestique

Les inventaires de mobilier, vaisselle, linge, vêtements, outils, objets de la vie quotidienne en tous genres et même provisions alimentaires s’offrent nombreux aux historiens, rédigés pour un contrat de mariage, après un décès ou dans le cas d’une saisie (par voie de justice ou par confiscation révolutionnaire …). Plus vivants encore, tenus au jour le jour, sont les livres de comptabilité ménagère d’une famille ou d’un établissement fournissant - de gré ou de force ! - le vivre et le couvert : hôpital, collège, prison … ; ils s’assortissent à l’occasion de recettes culinaires ou de nettoyage.

Aliments et objets entraient largement dans les redevances médiévales ; nourriture et vêtements étaient des éléments des contrats d’embauche d’apprenti ou de domestique ; les baux à besogne donnent de précieuses indications sur les techniques de construction.

Les archives de l’activité économique constituent une autre catégorie très importante de sources de la vie quotidienne : usage des montagnes, eaux et forêts pour la chasse, la pêche, la cueillette, l’élaboration d’instruments de bois et de vannerie, agriculture et élevage pour l’alimentation bien sûr mais aussi pour les activités textiles domestiques et le travail du cuir, les marchés, les commerces et l’artisanat, l’industrie textile, agroalimentaire, du bois … Les dossiers d’hygiène publique, d’assainissement, alimentation en eau, électrification et amenée de gaz apportent autant à l’histoire de l’habitat.

Les subsistances ont été de tous temps le souci de l’autorité publique, des disettes de l’Ancien Régime aux temps de guerre de la Révolution, de 1914 - 1918 et 1939 - 1945 et se retrouvent donc objet de nombreux dossiers. Domaine différent mais aussi précieux, la surveillance de l’Eglise médiévale et d’Ancien Régime sur les prescriptions alimentaires et la décence du costume.

Une grande part enfin doit être faite aux mémoires d’administrateurs et aux récits d’observateurs qui, de Froidour, le forestier de Colbert, aux ethnologues modernes en passant par les voyageurs romantiques décrivirent avec force détail la vie locale pour s’émerveiller d’un «exotisme » montagnard ou s’épouvanter - curés, instituteurs ou médecins - d’un quotidien souvent déplorable ainsi qu’aux photographies du début du XXe siècle qui fixèrent abondamment les « scènes de vie ».

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