Culture et superstitions

Les archives offrent un large champ à l’étude culturelle des populations. Par la langue utilisée d’abord : on peut étudier  dans quel milieu, au Moyen Âge et au XVIe, le latin, l'occitan et le français furent utilisés de façon savante ou de façon populaire, en signe aussi parfois de protestation contre le pouvoir central ; on peut étudier aussi quelle fut l’attitude des autorités face à la langue populaire, des efforts d’adaptation à la masse des fidèles de l’Eglise de la Contre-Réforme aux mesures d’uniformisation de l’Etat, de François 1er aux conventionnels et surtout à l’école du XIXe siècle, et quelles furent les résistances des populations.

L’enseignement évidemment tient le premier rang dans l’évolution culturelle : on suit son action depuis le Moyen-Age où il était dispensé dans les maisons religieuses ou dans les écoles municipales, sous l’Ancien Régime avec ses collèges de Jésuites ou de Doctrinaires et ses « régents » de ville ou de village juqu’enfin au grand essor de l’école publique devenue laïque et obligatoire sans oublier les remous violents qui naquirent souvent de la « question scolaire ».

Bien des catégories d’archives permettent d’évaluer plus ou moins directement le niveau culturel : les actes paroissiaux puis d’état-civil et les actes notariés grâce aux signatures -ou à leur absence-, les inventaires de biens, devant notaire ou tribunal, de personnes privées ou de maisons religieuses livrant relativement souvent le contenu d’une bibliothèque ou d’une collection d’objets d’art, les rapports de police concernant la surveillance de la « librairie », de la presse, du colportage, les rapports d’administrateurs et les récits de voyageurs, les registres du recrutement militaire indiquant le degré d’instruction.

Les « activités culturelles » ne sont connues pour les temps anciens, dans notre région tout au moins, que sous la forme de quelques spectacles surveillés par l’Eglise ou la police ; de leur épanouissement aux XIXe et XXe siècles témoignent par contre la presse, les actes de police administrative et aussi les dossiers des organismes qui naquirent alors : bibliothèques, archives, musées, sociétés savantes et comités de recherche.
Parallèlement aux progrès culturels, furent toujours perceptibles les permanences obscures, superstitions et pratiques primitives en tous genres. Les archives d’Eglise - visites pastorales, actes de l’Inquisition et de l’officialité- sont particulièrement riches dans ce domaine et se complètent de celles de la justice laïque quand on avait affaire à des guérisseurs contrevenant à la réglementation de la médecine ou à des devins vivant de la crédulité populaire sans parler des dramatiques procès de sorcellerie. Des toutes ces pratiques, les récits des voyageurs du XIXe et les enquêtes des ethnographes du XXe se firent plus tard un très large écho.

 

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